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Comment les fournisseurs de protéines animales mettent en péril les engagements climat des géants de l’agroalimentaire

4 September 2019
Key Topic(s)
Animal Welfare
Antibiotics & Health
Deforestation
Emerging Diseases
Greenhouse Gases
Alternative Proteins
Waste & Pollution
Water Scarcity
Working Conditions

Emissions de gaz à effet de serre, déforestation et recours systématique aux antibiotiques… Comment les fournisseurs de protéines animales mettent en péril les engagements climat des géants de l’agroalimentaire.

Une étude publiée au Royaume-Uni et soutenue par une coalition internationale d’investisseurs responsables montre que les fournisseurs de la filière agroalimentaire et restauration rapide ne remplissent pas les objectifs de développement durable fixés par les grandes enseignes.

L’édition 2019 du Coller FAIRR Protein Producer Index évalue la performance des 60 principaux producteurs mondiaux de viande, lait et poisson selon 9 critères sociaux et environnementaux.

  • Lancé en 2018, le Coller FAIRR Protein Producer Index est publié sous l’égide d’un réseau international d’investisseurs représentant 16 trilliards de dollars d’actifs sous gestion. A ce jour, le Protein Producer Index de FAIRR (Farm Animal Investment Risk and Return) constitue le seul benchmark exhaustif de la chaîne d’approvisionnement mondiale des protéines animales.

  • Emissions de gaz à effet de serre, usage d’antibiotiques et déforestation… L’Index FAIRR 2019 classe les 60 principaux producteurs mondiaux qui approvisionnent les géants de la grande consommation alimentaire parmi les pires contrevenants selon 9 critères de développement durable. Les fournisseurs de McDonald’s, Tesco, Nestlé et Walmart sont concernés.

  • Les investisseurs responsables tirent la sonnette d’alarme – la filière viande, lait et<br />poisson dans son ensemble présente des risques environnementaux majeurs : 65% (39 sur 60) des entreprises du secteur figurent dans la catégorie « risques élevés », tous critères de développement durable confondus.

  • A l’échelle internationale, les producteurs européens obtiennent les meilleurs résultats de l’Index. A l’inverse, les producteurs asiatiques figurent au bas du classement (parmi les 20 entreprises au score le plus faible, 75% sont situées en Asie et Océanie).

  • En 2018, l’Index FAIRR a été cité par les UN PRI dans la catégorie meilleur Rapport de Recherche ESG de l’année.

Londres, le 4 septembre 2019. L’enquête annuelle Coller FAIRR Protein Producer Index, publiée aujourd’hui, révèle que les plus gros producteurs de viande, de lait et de poisson ne remplissent pas les objectifs de développement durable des grandes enseignes qu’ils approvisionnent. Parmi les producteurs concernés, l’Index FAIRR répertorie notamment les fournisseurs de McDonald’s, Tesco, Nestlé, et Walmart.

L’Index FAIRR évalue un échantillon de 60 producteurs de protéines animales cotés en bourse, dont la capitalisation atteint 324 milliards de dollars. Ces entreprises produisent l’essentiel de la viande, du poisson et des laitages utilisés dans les burgers, nuggets, et autres plats préparés disponibles en supermarché ou en restauration rapide.

Par exemple, plus des trois-quarts des principaux producteurs mondiaux de viande, poisson et laitages ne pratiquent pas de mesure exhaustive de leurs émissions de GES, et ne se sont fixés aucun objectif significatif dans ce domaine. Cette négligence va à l’encontre des engagements climat des grandes marques de l’industrie agro-alimentaire.

« Ces dernières années, les grands noms de l’agro-alimentaire, de la grande distribution et de la restauration rapide ont pris des engagements ambitieux en matière de développement durable, indique Jeremy Coller, Fondateur de FAIRR et Chief Investment Officer à Coller Capital. Mais quand on passe au crible la chaîne d’approvisionnement en protéines animales de ces grands groupes, on s’aperçoit que leurs fournisseurs ne jouent pas le jeu, et n’ont pris aucune mesure drastique — qu’il s’agisse de GES, de déforestation ou de santé publique dans le cas des antibiotiques. Même si les fournisseurs sont sous le radar, ils placent les grandes enseignes en porte<br />à faux vis-à-vis de leurs clients. L’inertie des éleveurs industriels met en péril l’Accord de Paris et inquiète les investisseurs que nous sommes. »

La méthodologie de l’Index évalue les 60 plus grands producteurs de protéines animales selon les risques sociaux et environnementaux qu’ils présentent pour les investisseurs, en fonction des 9 critères de durabilité suivants :

  1. émissions de gaz à effet de serre

  2. déforestation et perte de biodiversité

  3. usage et déperdition d’eau potable

  4. volume de déchets et pollution

  5. recours aux antibiotiques

  6. bien-être animal

  7. conditions de travail

  8. sécurité alimentaire

  9. production de protéines alternatives.

Principaux risques recensés dans l’Index FAIRR 2019

Les investisseurs passent au crible 9 critères de risque liés à l’élevage industriel, parmi lesquels 3 risques environnementaux et sanitaires majeurs :

Emissions de Gaz à Effet de Serre (GES)

L’INRA estime à 18 % la part de l’élevage animal industriel dans les émissions totales de GES : gaz carbonique (CO2), protoxyde d’azote (N2O), et méthane (CH4) — ce dernier représentant 60% des gaz en question. Or, l’Index FAIRR indique que plus des trois-quarts des producteurs ne mesurent pas l’intégralité de ces GES. En France, c’est le cas du producteur de volaille LDC, propriétaire des marques Loué, Le Gaulois, Maître Coq et Marie – et fournisseur de Nestlé. L’Index FAIRR cite également Cal-Maine Foods (Etats-Unis) – le plus grand producteur américain d’œufs frais – qui fournit notamment Walmart. Côté élevage bovin, Ce manque de rigueur va à l’encontre des engagements de leurs clients, puisque McDonald’s, Nestlé et Walmart se sont<br />publiquement engagés à réduire leurs émissions de GES.

Déforestation

Les forêts jouent un rôle crucial dans la fixation du CO2, avec près de 40% du carbone stocké dans la végétation et les sols de ces écosystèmes. La perte de ces écosystèmes a des conséquences graves sur l’absorption des GES et la biodiversité. En Amazonie, Walmart s’est fixé un objectif de déforestation zéro dans sa chaîne d’approvisionnement d’ici 2020. Cependant, l’Index FAIRR indique que certains des fournisseurs de Walmart, comme Sanderson Farms (EtatsUnis) et Cranswick (Royaume-Uni) d’affichent aucun engagement en matière de lutte contre la déforestation. Aucune des entreprises d’élevage animal industriel (l’aquaculture n’étant pas concernée) n’a mise en place de politique rigoureuse pour lutter contre la déforestation dans les régions où elles élèvent du bétail ou cultivent du soja.

Recours aux antibiotiques

Selon l’OMS, la résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus sérieuses menaces qui pèsent sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. L’agence sanitaire condamne l’usage réflexe des antibiotiques comme facteurs de croissance ou de prévention des maladies dans l’élevage industriel. Principale concernée par l’approvisionnement bovin, la chaîne McDonald’s s’est engagée à réduire la teneur en antibiotiques dans la viande de ses produits. Pourtant, 77% des entreprises étudiées (46 sur 60) figurent dans la catégorie à haut risque concernant l’usage des antibiotiques. Plus d’un tiers de ces producteurs ne disposent<br />d’aucune politique officielle dans ce domaine.

En août dernier, le rapport-événement publié par le GIEC a révélé que l’élevage industriel de bétail est la filière qui « souffrira le plus » des effets indirects du changement climatique.

L’Index FAIRR 2019 vient corroborer cette conclusion du GIEC en chiffrant les pertes<br />économiques induites par les dérèglements du climat dans le secteur de la viande et des laitages.

  • Les impacts économiques mesurés par l’Index FAIRR concernent notamment :<br />Le géant de l’élevage bovin australien, Australian Agricultural Company, qui a subi plus de 100 millions de dollars de pertes en 2018-19, du fait d’épisodes météorologiques extrêmes.

  • L’éleveur aviaire américain Cal-Maine, qui a vu son chiffre d’affaires chuter de 30% au 4e trimestre 2018 par rapport à l’année 2017, en partie à cause de pluies diluviennes.

  • QAF, entreprise singapourienne qui exploite des fermes porcines en Australie, a vu ses marges s’effondrer suite à l’augmentation de 55% du prix des aliments pour bétail, sous l’effet de sécheresses répétées en 2018.

Opportunités économiques

L’Index FAIRR analyse également les progrès réalisés dans la conversion aux protéines<br />alternatives, dont la production entraîne un impact carbone réduit. Le secteur des protéines alternatives qui représente 19,5 milliards de dollars en 2019 selon Euromonitor, aura conquis 10% des parts du marché global de la viande d’ici 15 ans, selon Barclays et JP Morgan.

L’Index indique que les produits protéinés à base de plantes connaissent un développement significatif : un quart des producteurs de protéines animales évalués dans le portfolio (15 entreprises sur 60) ont investi dans des substituts du type « viande végétale ». Les entreprises traditionnelles les plus en pointe dans ce domaine sont Maple Leaf Foods (Canada), Tyson Foods (Etats-Unis) and China Mengniu Dairy (Chine).

A propos du Coller FAIRR Protein Producer Index

Luisa Flores, Head of SRI, La Banque Postale Asset Management

“Les données produites par l’Index FAIRR sont indispensables pour comprendre les risques matériels de la filière alimentaire. De façon tout aussi cruciale, ce rapport détaille les bonnes pratiques mises en place pour réduire les GES, la gestion de l’eau ou le recours aux antibiotiques. Les entreprises à la traîne dans ce domaine s’exposent à des risques réputationnels et réglementaires, et donc à voir leur flux d’investissements se tarir. »

Herve Guez, CIO, Mirova

“Le secteur agro-alimentaire est le responsable de dérèglements environnementaux profonds. Dans un contexte d’incertitude liée au changement climatique, à la pression démographique, et à l’évolution des habitudes des consommateurs, les entreprises de la filière animale doivent se réinventer. En tant qu’investisseurs, l’Index FAIRR nous aide à identifier les mauvais élèves, mais aussi les ‘best in class’ dans notre analyse de risque.»

Bertille Knuckey, Head of Sustainable & Responsible Investment, Sycomore AM

« Alors que la résistance aux antibiotiques, d’ores et déjà responsable de 700 000 décès par an, pourrait coûter 10 millions de vies en 2050 et conduire à une chute significative du PIB annuel mondial, seuls quatre des 60 plus gros producteurs de protéines mondiaux ont cessé l’utilisation systématique de ces produits. Avec FAIRR, les investisseurs disposent d’un moyen de pression important sur les entreprises concernées pour qu’elles recherchent des solutions alternatives. »

Sofiane Belmiloud, Chargé Relations Investisseurs France et Pays Francophones, FAIRR Initiative

“Les investisseurs du secteur agro-alimentaire ont maintenant conscience que le respect des critères de développement durable est la clé du succès en matière de gestion de risque et de retours sur investissements. En France, les chaînes de restauration rapide et de la grande distribution ont pris des engagements significatifs, mais les pratiques de l’élevage industriel ne suivent pas. Il est urgent que les producteurs de viande transforment leur business model pour se plier aux impératifs écologiques et assurer leur survie économique. »

Contact presse

Pour obtenir un exemplaire du FAIRR Protein Producer Index, ou de plus amples informations sur le FAIRR Index, merci de contacter :

Sofiane Belmiloud, Responsable France et Pays Francophones, FAIRR

sofiane.belmiloud@fairr.org

T: +44 (0)207 631 8534 / M: +44 (0)7448 529597

FAIRR (Farm Animal Investment Risk and Return)

Créée en 2015 par la Jeremy Coller Foundation à Londres, l’Initiative FAIRR est un réseau international d’investisseurs responsables qui représentent 16,3 trillions de dollars d’actifs sous gestion. La mission de FAIRR est d’informer la communauté des investisseurs sur les risques ESG liés à l’élevage intensif et à la production de protéines animales, et de leur faire connaître de nouvelles opportunités d’investissement viables tant sur le plan économique qu’environnemental.

FAIRR met à la disposition des investisseurs une large palette d’outils : publication de rapports de recherche, guide de bonnes pratiques, et campagnes d’engagement collaboratif. FAIRR publie notamment chaque année le Coller FAIRR Protein Producer Index, une enquête unique en son genre qui recense et évalue les risques ESG des plus grands producteurs de protéines animales dans le monde.

UBS Asset Management, CalPERS, Robeco, le fonds de pension norvégien KLP, Candriam, Mirova, La Banque Postale Asset Management et Sycomore comptent parmi les 150 asset managers qui adherent à FAIRR.